Mouna Saboni Photographies

L'attente de la nuit
Awaiting the night
2022

L’attente de la nuit est un projet réalisé pour l’exposition «Lost Paradise» à Lahore au Pakistan en mars 2022.

«L’attente de la nuit» est un poème en prose, un chant, une lettre écrite par un amant à un amour qui semble lointain et absent. Le texte, embossé dans l’image, vient recomposer les montagnes palestiniennes qui semblent disparaitre dans la brume et se refléter dans l’eau tel un mirage.

«Palestine and Jerusalem, a symbol of loss and longing that become a part of DNA of a homeless people, is evocated in Mouna Saboni’s ode to Palestinian memory. The text based work reminds us how to written word can create an imagined paradise that becomes more real than lived reality.»
Niilofur Farruk, curator of Karachi’s Photography Biennale.

"Et chaque jour, mon amour, j'attends la nuit.

Ton corps m'échappe et se soustrait à mes mains.
Tout le jour comme un seul jour.
Plus de temps. Suspendu, suspendu. Le temps à la lumière blanche. Seule complice.
Je scrute. L'étendue devant. Le noir se fondant dans le noir. Aucune lueur. Aucune. Rien à apercevoir.

Ce jour qui nous sépare
Cette lumière qui éblouit
qui fait tout disparaître
le jour
long
à se tendre et à se tordre
aveugle aveugle aveugle
Et la solitude
Comme le battement de mes tempes sous mes poings
Comme l'odeur de mon sang
Je la connais
Elle m'appartient

(...)

Mon amour, je rêve, de bras qui ne savent rien des décombres

Souviens-toi

Chaque mots murmuré
Chaque histoire dans le noir
De ces nuits interdites sous une lune rouge
De nos éveils fatigués par la nuit monstre.

Et je rêve.
A l'illusion. A l'impossible.
A l'étendue perdue, à celle à venir.
A ne plus savoir ce qui est réel ou non.

La moindre parcelle de ta peau, sous mes doigts, je l'apprendrai.
Et la douceur, sous mes doigts, la dernière.
Plus de nouvel apprentissage.

(...) "

"And every day, my love, I await the night.

Your body escapes me and slips from my hands.
The whole day like one only day.
No more time. Hanging, hanging. Time in the white light. Only accomplice.
I scan. The stretch ahead. Darkness merging with darkness. No glimmer. None. Nothing to see.

This daylight which keeps us apart
This light which dazzles
Which makes everything disappear
The day
Long
Stretching and twisting
Blind blind blind
And solitude
Like the beating of my temples under my fists
Like the smell of my blood
I know it
It is mine

(...)

My love, I dream of arms that know nothing of rubble

Remember
Each word whispered
Each story in the dark
These forbidden nights under a red moon
Our awakenings tired by the monster night.

And I dream.
Of the illusion. Of the impossible.
Of the lost stretch, of the one to come.
Of not knowing what is real or not.

Every last inch of your skin, under my fingers, I will learn.
And the softness, under my fingers, last.
No more learning anew.

(...)"

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